L’engagement citoyen dans la prospective de la Recherche et de l’Innovation (3)

3. Prospective, R&I et engagement citoyen : surmonter les ambiguïtés 

 

Bruxelles, le 26 mars 2024

3.1. La prospective comme processus d’innovation et de transformation stratégique

Comme le rappelaient en 2010 Luke Georghiou et Jennifer Cassingena Harper, la prospective peut être utilisée pour informer ou réformer la politique et la stratégie d’innovation, une activité qui, il y a quelque temps, a été appelée « câblage du système d’innovation » [1]. Comme ils l’indiquent heureusement, la prospective permet de construire des politiques sur mesure dans le domaine de la recherche et de l’innovation dans des contextes national, régional, local ou sectoriel. C’est d’autant plus vrai que les instrument de R&I évoluent et nécessitent des visions communes entre les acteurs (entreprises, pouvoirs publics, universités, centres de recherche, incubateurs, acteurs impliqués, utilisateurs et donc citoyens, etc.) et des feuilles de route solides : plateformes d’innovation, clusters, pôles de compétitivité, etc. dans des logiques d’innovation ouverte, elles-mêmes en profondes mutations [2]. Les deux chercheurs de l’Université de Manchester notaient également en 2010 que le rôle de la prospective dans de tels contextes doit à la fois être renforcé et mieux compris [3].

Surmonter les ambiguïtés, c’est-à-dire les interprétations incertaines ou les sens multiples, est une des vocations de la prospective, avec la capacité d’appréhender le futur, de rendre compte de la complexité et des dynamiques des systèmes, ainsi que prendre la mesure des incertitudes présentes et futures. Ainsi, la prospective constitue-t-elle bien elle-même un processus d’innovation et de transformation stratégique, fondé sur la systémique et le long terme, pour mettre en œuvre des actions présentes et opérationnelles. Dès lors, la prospective bien comprise n’est pas un instrument de simple ajustement de la trajectoire donnée, mais un outil de transformation qui réinterroge les fondations système dont elle se préoccupe. Jean-Philippe Bootz a montré que la prospective opérait selon des modèles d’apprentissage organisationnel en double boucle, c’est-à-dire que sa vocation était de porter des stratégies de rupture, d’opérer des changements structurels, intentionnels et non routiniers [4].

Comme observé dans la note introductive au R&I Foresight Mutual Learning Exercise, la prospective a fait l’objet ces dernières années d’une promotion certaine au sein de l’Union européenne, de ses institutions et parmi un certain nombre d’États membres [5]. Les initiatives ne manquent pas même si elles ne s’inscrivent pas toutes dans la même compréhension de ce qui constitue les fondements de la prospective européenne telle qu’elle s’est constituée au début des années 2000 par les efforts de convergence entre le Foresight anglo-saxon et la prospective latine [6]. Comme le rappelait Cornelia Daheim, la prospective en matière de R&I remplit des fonctions très variées et couvre des activités différentes dont les développements et les impacts ne sont pas toujours clairs par manque d’évaluations formelles, externes ou partenariales [7]. On pourrait même ajouter que l’objet même du R&I Foresight n’est pas toujours très bien défini par rapport à un riche environnement dans lequel on retrouve STI Foresight, Innovation-system Foresight, Technology Foresight, Foresight in Science, Forward-thinking in R&D, Research Foresight, Foresight on Innovation Policy, Forward-looking R&I policies, etc. autant de concepts ou de pratiques qui semblent parfois utilisés indifféremment l’un pour l’autre. Certes, dans le temps, la prospective a pris différentes formes, approches et méthodologies notamment lors de sa transformation d’activité académique en instrument pour le policy-making au sein de la DG Recherche et Innovation de la Commission européenne.

Pendant longtemps, la prospective est restée de nature informative, tentant d’influencer la réflexion sur les politiques plutôt que s’atteler à leur élaboration. Elle a ensuite été davantage acceptée comme un outil de connaissance pour la prise de décision [8] avant qu’elle devienne, au-delà du fait de penser et de débattre de l’avenir, un outil pour le façonner au moyen d’un processus structuré  [9].

 

 3.2. Construire et suivre le processus de prospective

 Un modèle de processus complet de prospective a été élaboré en 2006 par la plateforme d’apprentissage mutuel (MLP). La MLP était une initiative conjointe des DG Entreprises et industrie, Recherche et Politique régionale de la Commission, avec la participation du Comité des régions. L’objectif était d’accroître les investissements dans la recherche et l’innovation et d’aider à définir des politiques pour rendre l’innovation régionale plus efficace.

Dans ce cadre, un processus de prospective tourné vers l’innovation a émergé à partir du partage d’expérience de nombreux acteurs de la prospective et de l’évaluation des choix technologiques (TA) engagés dans les régions européennes. Ce modèle permet, au-delà du diagnostic prospectif et de l’identification des enjeux de long terme, de construire une vision et de concevoir la stratégie et le moyen de leur mise en œuvre opérationnelle, afin de procéder à celle-ci, de la monitorer puis de l’évaluer. Trois grandes phases apparaissaient nettement dans tous les exercices analysés :

  1. une phase de préparation et de maturation, parfois très longue, qui sert à envisager les objectifs de l’exercice de prospective, son positionnement sur l’horizon temporel, ses limites géographiques, la gouvernance et les structures de pilotage de l’exercice, sa programmation, les budgets mobilisables et le financement des différents travaux, y compris ceux de la communication et de l’implication des acteurs.
  2. une phase de Prospective, comprenant l’analyse du système, des interrelations entre les variables, l’étude de sa dynamique et de sa trajectoire, avec les alternatives et évolutions potentielles. Cette phase comprend trois séquences :

– l’identification des acteurs et des facteurs du système et l’ensemble du diagnostic prospectif;

– la définition des enjeux à long terme, c’est-à-dire les véritables questions révélées par l’exploration des futurs possibles ;

– la construction d’une vision commune et partagée du futur qui réponde réellement en termes de futurs souhaitables aux questions de long terme identifiées ci-dessus.

 

  1. une phase stratégique qui va à la fois permettre de répondre aux enjeux de long terme par des initiatives de terrain et de réaliser concrètement la vision en prenant des mesures entre aujourd’hui et l’horizon choisi de cette vision. Quatre séquences habitent cette phase d’opérationnalisation :

– la définition des axes stratégiques;

– le choix des actions concrètes et leur intensité (mesure);

– le pilotage et le monitoring de la mise en œuvre;

– l’évaluation du processus et des produits de l’exercice (effets, impacts, résultats, etc.) [10].

Ce processus, largement expérimenté depuis sur de nombreux exercices et par différentes institutions, est applicable tant en prospective technologique, industrielle, territoriale ou générale et donc également pour la R&I. Il n’est évidemment nullement contraignant et certaines phases ou séquences peuvent être inversées et modifiées. il peut et doit être adapté selon les besoins et les demandes. Néanmoins, nous considérons que la prospective comprend tout le cycle, qui peut d’ailleurs se poursuivre dans la logique d’une prospective continue permettant l’encapacitation (empowerment) et donc le développement des compétences prospectives des acteurs, citoyens et parties prenantes.

Dans la plupart des circonstances, il nous paraît indispensable que les parties prenantes, les acteurs et les citoyens soient associés et interagissent à chacune des étapes du processus. Le risque est grand en effet qu’ils soient à l’avenir démotivés à participer à d’autres exercices s’ils observent que les décideurs les ont  éloignés dans des moments cruciaux de stratégie, de répartition des budgets, de mise en œuvre ou d’évaluation du processus.

Le processus de la prospective (Clar et Destatte, 2006)

Ce modèle a d’ailleurs évolué au sein de l’équipe prospective de l’Institut Destrée pour prendre mieux en compte la dynamique des systèmes non linéaires, la complexité et l’incertitude qui nécessite un travail soutenu de veille tout au long du processus pour continuer à l’alimenter et mieux appréhender les signaux faibles, les émergences ainsi que les wildcards. Les progrès du Knowledge management, les nouveaux liens qui se sont tissés avec la prospective, de même que le dialogue avec l’intelligence stratégique ont permis d’intégrer ces dimensions comme processus internes [11].

Processus de la Prospective (DESTATTE, 2022)

On peut encore capitaliser sur les travaux de la plateforme mise en place en 2006 par l’Unité Science & Technology Foresight de la DG Recherche en évoquant les quatre processus transversaux identifiés au sein même du processus général et auxquels il faut apporter une attention particulière : appropriation, implication, apprentissage sociétal, participation.

Quatre processus transversaux (CLAR & DESTATTE, 2006)

  1. L’appropriation résulte de la compréhension, de l’assimilation et du partage des résultats du processus. En effet, l’appropriation intériorise chez chaque acteur à la fois le chemin qui mène au résultat de la démarche prospective et le résultat lui-même. Lorsque l’exercice est approprié, il transforme toutes les parties prenantes en acteurs conscients des enjeux, motivés par les réponses élaborées, et déterminés à participer à la mise en œuvre du programme d’action produit collectivement.
  2. Le processus d’implication des parties prenantes, acteurs et citoyens : dès lors que la prospective s’affirme comme un lien d’interaction et un forum, il est essentiel d’associer les différentes sphères de la gouvernance : le privé, le public et la société civile. Il est parfois difficile d’impliquer les entreprises, même sur des sujets qui les importent. C’est pourtant indispensable dès lors que l’on considère que leur rôle s’accroît dans la société, mais aussi dans la gouvernance où elles sont souvent devenues les premiers partenaires des gouvernements. Le poids qui est le leur dans la recherche et l’innovation fait que l’on voit mal comment elles pourraient ne pas être autour de la table. Trop souvent, leur présence se fait au travers de leurs associations, ce qui est très insuffisant pour bénéficier de leur apport de terrain. La participation des acteurs se présente sous plusieurs formes, et les méthodes peuvent varier au cours d’un exercice de prospective. La séquence de définition des enjeux peut faire apparaître des préoccupations pour lesquelles les acteurs clés ne sont pas représentés dans l’exercice (comme les sciences du vivant, l’école maternelle, les services aux personnes âgées, etc.) Ces acteurs doivent donc être intégrés dans les phases ultérieures, soit en les associant directement en tant que participants, soit en les invitant en tant que témoins privilégiés ou experts dans des forums ou des séminaires. Il faut également leur garantir un suivi de l’information au-delà de cette participation ponctuelle. Il est également judicieux d’associer les acteurs sceptiques ou opposés à l’exercice, non seulement pour tenter de les impliquer, mais aussi pour prendre en compte leur avis. Cela permet d’anticiper toute résistance future qui pourrait survenir au moment de la mise en œuvre de la stratégie.
  3. Le processus d’apprentissage sociétal : outre l’objectif de la prospective de soutenir la réflexion stratégique, on peut également souligner ses aspects cognitifs en termes d’apprentissage individuel, collectif et organisationnel. À cet égard, un exercice de prospective a des vertus pédagogiques. Il s’agit d’un processus de prise de conscience et de conquête intellectuelle de l’environnement géographique, de la société et du monde par leurs habitants. En exprimant leurs conceptions des enjeux, leurs réponses en termes d’alternatives sur le ou les futurs possibles ou souhaitables, les participants à l’exercice de prospective établissent les bases d’informations utiles à l’apprentissage sociétal. Ces conceptions feront ensuite l’objet d’une confrontation collective avec des éléments de la réalité effective, notamment par l’utilisation des bases informationnelles du diagnostic prospectif et par le recours à des experts. En même temps – et parallèlement au processus d’apprentissage – se produit un processus de désapprentissage, de remise en cause des certitudes et des mythes. Il est essentiel qu’une compréhension commune des différents concepts et enjeux soit construite progressivement afin de stimuler le dialogue sur la vision de l’avenir et sur la stratégie.
  4. Le processus de diffusion : plusieurs besoins peuvent être satisfaits lorsque les délibérations et les résultats d’un exercice de prospective sont diffusés, aussi largement que possible, tout au long du processus :

– la transparence de l’exercice est assurée, ainsi que sa compréhension par tous les observateurs ;

– l’implication, l’imputabilité et la cohésion des acteurs et des participants à l’exercice sont renforcées ;

– les parties prenantes extérieures sont tenues informées des progrès accomplis ;

– etc.

Le rapport MLP Foresight insistait aussi sur le rapport entre l’appropriation et l’implication. Cela apparaît très important pour la prospective de la R&I. Ainsi, les acteurs et les citoyens associés à l’exercice s’approprieront la démarche et ses résultats dans la mesure où ils ont été activement impliqués dans le développement de l’exercice. Il s’agit donc non pas d’une démarche de consultation passive sollicitant des avis sur des options déjà énoncées, mais d’une véritable participation à la concrétisation des idées. Cette approche nécessite la définition de règles du jeu strictes :

– recruter le plus large éventail possible de parties prenantes en les définissant au sens le plus large du terme, les citoyens étant les premiers concernés par les politiques à mener sur leur territoire ;

– de véritables mécanismes et compétences d’animation pour favoriser l’écoute, la prise de parole, l’échange d’idées, la culture du débat et de la démocratie délibérative ;

– une logique pédagogique pour clarifier et expliquer les objectifs, les buts et les enjeux afin que les acteurs les comprennent ;

– un processus d’apprentissage et de réflexion dans lequel l’expérience réelle prime sur les théories générales, même si la connaissance et l’expertise sont des ressources essentielles [12].

  

3.3. Impacts et résultats concrets de la prospective R&I pour les citoyens 

L’idée de distinction entre deux formes différentes de prospective dans laquelle une première prospective (foresight for policy) serait conçue dans un but de fonction consultative et stratégique, outil d’information, et un second type de prospective (foresight as a policy instrument) aurait un rôle de transformation et de changement structurel, pourrait devenir obsolète [13]. C’est précisément le nouveau type de gouvernance associant les acteurs et les citoyens qui rend ce modèle de plus en plus caduc. En effet, la motivation de la prospective se fonde de plus en plus par un désir collectif d’innovation et de transformation qui ne peut être assouvi que par la concrétisation de ce changement qui, seul, donne de la crédibilité à l’exercice. En fait, il n’est pas raisonnable, voire impossible, de vouloir associer des acteurs et des citoyens uniquement sur un volet exploratoire et non sur le volet normatif, impliquant que le ou les décideurs se retirent du jeu pour in fine prendre seuls les décisions et les mettre en œuvre. La coconstruction est une manière de faire qui exige que tout le processus de la prospective soit parcouru ensemble, du diagnostic à l’évaluation d’impact, en passant par les choix budgétaires et la mise en œuvre de terrain. En fait, l’impact qui sera recherché par les acteurs et les citoyens sera moins de constater les déficiences du système de recherche et d’innovation – ce qui reste évidemment fondamental dans les phases de diagnostic prospectif et d’identification des enjeux de long terme – que d’apporter des réponses concrètes à ces déficiences et les mettre en œuvre.

Comme on peut le voir dans différents travaux, il existe encore une tendance très forte à se concentrer sur la détermination de la nature des exercices de prospective et de leurs catégories en termes de méthodes utilisées, telles que les scénarios, et les résultats des exercices entrepris. Or les produits sont vraiment ce qui détermine l’opérationnalité et donc l’utilité de l’activité prospective, non seulement dans le processus de décision publique, privée ou collective, mais aussi et surtout dans la mise en œuvre de ces produits pour en faire des instruments de transformation des systèmes dans lesquels ils évoluent. On retrouve d’ailleurs cette confusion dans certains documents clefs de la Commission comme dans le Modus Operandi de l’European Foresight Hub, dans lequel les visions cohabitent avec des scénarios, de l’analyse de conducteurs (drivers) et de tendances, etc. [14]

Ce constat débouche évidemment sur un autre qui reste un obstacle fondamental aux yeux de certaines chercheuses et de certains chercheurs dès lors qu’on associe la prospective à des processus de recherche, c’est la barrière épistémologique qui subsiste entre une prospective exploratoire et une prospective normative, celle de la transformation du système qui pour certaines et certains ne peut être du ressort du chercheur qui devrait rester à distance respectable du système pour ne pas perdre son âme. Par expérience, on peut observer que cette propension peut s’accroître dans le cadre d’une institutionnalisation forte de la prospective qui peut créer des îlots qui se perçoivent à vocation scientifique dans un environnement politique et administratif fort où la mise en œuvre et la transformation de la société constituent le quotidien. Ce qui peut être identifié comme étant davantage qu’un malaise ne saurait être occulté, même si la question est aussi ancienne que la prospective.

L’institutionnalisation de la prospective a été définie par Jennifer Cassingena Harper comme la transformation et l’intégration de l’activité et de sa pratique dans un système structuré ou hautement formalisé par une norme, sous la forme d’une institution, au sein d’une organisation ou d’un secteur [15]. Pour intéressant qu’il soit, le modèle de mise en place d’une prospective institutionnalisée fondé sur les travaux récents de l’OCDE devra être challengé par le présent texte qui, lui, a pour vocation de prendre en compte l’engagement citoyen dans les activités de prospective appliquées à la Recherche et à l’Innovation. En effet, par nature – et sans lui faire de procès – l’OCDE oriente son activité vers les gouvernements. Néanmoins, nous pensons qu’une gouvernance démocratique multiniveaux doit être à la fois fondée sur les acteurs et impliquer les citoyennes et les citoyens, voire les résidents – la distinction peut être nécessaire [16]. En effet, il n’est pas toujours certain qu’en matière de demande, le niveau gouvernemental soit toujours la garantie d’attribution de ressources à la prospective surtout pour la recherche et d’innovation, domaine dans lequel les entreprises ont un poids essentiel. De même, le cadre gouvernemental et administratif ne constitue pas le gage de qualité pour des compétences de haut niveau en matière de prospective ni d’ailleurs de R&I, les universités, les centres de recherches privés, les think tanks, les sociétés de consultances et les experts indépendants, se présentant parfois comme « simples citoyens », en disposant largement. On peut également challenger l’idée de la mise en place d’un cadre institutionnel pour l’intégration des pratiques de prospective dans les différents départements du gouvernement et dans les processus décisionnels centraux, notamment par une unité principale de prospective. Des exemples montrent que cette intégration, souvent marquée par le centralisme, voire le monopole de l’action prospective, limite fortement l’initiative dans les différents départements de l’administration et constitue finalement un désinvestissement en motivation et en compétence dans ces départements pourtant plus proches des enjeux et des réalités. S’y ajoute la question épistémologique soulevée plus haut qui empêche souvent les chercheurs de ces unités de s’inscrire à la fois dans la proximité du terrain et des acteurs, ainsi que dans la mise en œuvre du volet stratégique de la prospective. L’évaluation et le feedback se fondent dès lors trop souvent sur la mise à distance et l’analyse des méthodes plutôt que sur la recherche des impacts véritables en termes de transformation collective du système.

Ainsi, dans le cadre de l’évolution des capacités des acteurs – au premier rang d’ailleurs les entreprises et les associations environnementales – et des citoyennes et citoyens connectés et davantage organisés, un autre modèle s’élabore fondé sur la coconstruction de politiques collectives s’associant au parlement, au gouvernement et à l’administration dans le cadre d’ouvertures voulues ou forcées, voire prenant carrément l’initiative de lancer des travaux prospectifs dans l’écosystème de la R&I.

 

A suivre : 4. Pratiques de la participation citoyenne dans la prospective de la R&I

Philippe Destatte

@PhD2050

 

[1] to inform or reform innovation policy and strategy, an activity which sometime ago called ‘‘wiring up the innovation system’’. Luke GEORGHIOU & Jennifer CASSINGENA HARPER, From priority-Setting to articulation of demandd: Foresight for research and innovation policy and strategy, in Futures, 43 (2011) p. 243-251, p. 243.

[2] Henry CHESBROUGH, Wim VANHAVERBEKE & Joel WEST, New Frontiers in Open Innovation, Oxford, Oxford University Press, 2014.

[3] The role of foresight in such contexts needs both to be enhanced and better understood. L. GEORGHIOU & J. CASSINGENA, op. cit., p. 244.

[4] Jean-Philippe BOOTZ, Strategic Foresight and Organizational Learning: Survey and Critical Analysis, in Technological Forecasting and Social Change, vol. 77, 10, 2010, p. 1588-1594. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0040162510001368 – J-Ph. BOOTZ, Prospective et apprentissage organisationnel, coll. Travaux et recherches de prospective, Paris, Futuribles international, LIPSOR, Datar, Commissariat général du Plan, 2001.

[5] Cornelia DAHEIM, R&I Foresight: An Introduction to and Overview of the Current State of Play, Draft Discussion Paper, European Commission, Directorate-General for Research and Innovation, Horizon Europe Policy Support Facility, 2022.

[6] Paulo CARVALHO, A Brief History of Futures Studies and Foresight, Lisbon, Dec. 5, 2022.

[7] Cornelia DAHEIM, R&I Foresight: An Introduction to and Overview of the Current State of Play, Draft Discussion Paper, European Commission, Directorate-General for Research and Innovation, Horizon Europe Policy Support Facility, 2022.

[8] Ph. DESTATTE, Foresight as a strategic intelligence tool, University of Liège, September 2016, Blog PhD2050, January 19, 2018. https://phd2050.org/2018/01/19/spit/

[9] Jean-Claude BURGELMAN, Jarka CHLOUPKOVA & Werner WOBBE, Foresight in support of European research and innovation policies: The European Commission is preparing the funding of grand societal challenge, in European Journal of Futures Research, 2, 55, 10 December 2014, p. 1. https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s40309-014-0055-4.pdf?pdf=button

[10] Günter CLAR & Philippe DESTATTE, Regional Foresight, Boosting Regional Potential, Mutual Learning Platform Regional Foresight Report, p. 6, Brussels, European Commission, 2006. Philippe DESTATTE, La construction d’un modèle de processus prospectif, dans Philippe DURANCE & Régine MONTI dir., La prospective stratégique en action, Bilan et perspectives d’une indiscipline intellectuelle, p. 301-331, Paris, Odile Jacob, 2014. – You can find the Working Paper in English: Ph. DESTATTE, The construction of a foresight process model based on the interest in collective knowledge and learning platforms, The Destree Institute, May 13, 2009. #

Philippe-Destatte_Foresight-process-model_2009-05-13bis

[11] Jean-Philippe BOOTZ, Philippe DURANCE & Régine MONTI, Foresight and knowledge management, New Developments in theory and practice, in Technological Foresight and Social Change, Vol. 140, March 2019, p. 80-83. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0040162518319942

[12] Günter CLAR & Ph. DESTATTE, Regional Foresight, Boosting Regional Potential, Mutual Learning Platform Regional Foresight Report…, p. 17-21.

[13] Jennifer CASSINGENA HARPER, Impact of Technology Foresight, Nesta Working Paper 13/16, November 2013, p. 8.

https://media.nesta.org.uk/documents/1316_impact_of_technology_foresight_final_version.pdf

See also: Jennifer CASSINGENA HARPER, Institutionalising foresight capability and creating wide foresight communities in the R&I system, Discussion Paper, p. 11, European Commission, Directorate for Research and Innovation, Horizon Europe Policy Support Facility, 2022.

[14] J.-Cl. BURGELMAN, J. CHLOUPKOVA & W. WOBBE, Foresight in support of European…, Diagram, p. 3. – See also: Eckhard STÖRMER, Laurent BONTOUX, Maciej KRZYSZTOFOWICZ, Elisabeta FLORESCU, Anne-Katrin BOCK, Fabiana SCAPOLO, Foresight – Using Science and Evidence to Anticipate and Shape the Future, in Vladimír ŠUCHA & Marta SIENKIEWICZ, Science for Policy Handbook, p. 128-142, Elsevier, 2020, p. 129 & 133.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128225967000127

[15] The term « institutionalising » is the act of making an activity established as part of the normal systems and practices, or mainstreaming an activity as a norm either at the level of an organisation or more broadly sector-wide. Institutionalisation entails turning the practice into an institution or embedding the practice into a structured or highly formalized system. Jennifer CASSINGENA HARPER, Institutionalising foresight capability and creating wide foresight communities in the R&I system, Discussion Paper, p. 6, European Commission, Directorate for Research and Innovation, Horizon Europe Policy Support Facility, 2022.

[16] Archon Fung wrote in 2006: I use the phrase citizen participation throughout this article. By citizens, I do not mean to indicate individuals who possess the legal status of formal citizenship but rather individuals who possess the political standing to exercise voice or give consent over public decisions that oblige or affect them. Therefore, undocumented immigrants whose children attend public schools are citizens in this sense because they can make claims over the ways in which schools treat their children, just as native-born American parents can make such claims. A. FUNG, Varieties of Participation in Complex Governance…,  p. 74, n1.

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